Le siège occidental des Templiers en France était établi depuis le 11ème siècle à Arville, à 75km au Sud de La Saucelle.
Les chevaliers templiers choisirent La Saucelle pour leur première implantation en pays drouais, un « lieu planté de saules » (Saliciolum), d’après des archives du 11ème siècle.
En l’an mille, le Nord du Perche était une région très contestée, entre le Roi de France à Paris, le duché d’Anjou au Sud et surtout le duché de Normandie qui avait été accordé aux envahisseurs Vikings (Guillaume le Conquérant venait de bâtir à Tillières-sur-Avre une de ses forteresses, à moins de 20km au Nord de La Saucelle).
Malgré toutes ces difficultés, les templiers ont su s’imposer à La Saucelle avec un projet innovant accepté par les chevaliers locaux, et répondant aux urgences du temps : car il fallait fournir rapidement bétail et farine pour les Croisades !
A La Saucelle, les templiers défrichèrent quelques lisières du massif forestier de Senonches, en y ouvrant des clairières (le Petit Claireau, le Champtier du Temple).
Ils ont inséré dans les bois et dans les prés un chapelet d’étangs pour égoutter et canaliser l’eau de surface, rendant possibles élevage et culture de céréales.
En dirigeant ainsi toute l’eau excédentaire vers le cours d’eau La Gervaine, ils créèrent de l’énergie hydraulique, pour faire tourner leurs 2 moulins, en plus de leur moulin à vent situé au lieu-dit La Commanderie.
Ce cours d’eau ainsi dopé s’avéra suffisamment profond pour fournir une force motrice qui facilitait le transport de charges lourdes, comme les récoltes ou des troncs d’arbres.
En installant leur grange dimière au lieu-dit Les Pesles, les Templiers s’assuraient l’accès à plusieurs chemins de grande communication et à 2 anciennes voies romaines qui se croisaient à Brezolles. Ils pouvaient ainsi recevoir rapidement l’appui des autres sites de leur ordre, et vendre leurs productions jusque dans les grandes villes distantes (Orléans, Evreux, Paris, Alençon…).
Leur assise foncière grandit, et avec elle leur implication dans la sécurité de la région.
Ils avaient droit de culte mais n’en firent pas usage à La Saucelle, préférant œuvrer en bonne intelligence avec les prêtres catholiques locaux. En témoigne la pierre tombale de templier dans la nef de l’église, et le ralliement de 5 chevaliers de La Saucelle qui se convertirent pour devenir chevaliers du temple à leur tour.
Sans être templière, l’église Ste Anne de La Saucelle fut érigée au 11ème siècle, pendant la période de croissance impulsée par les Templiers, et elle a subi plusieurs métamorphoses jusqu’à nos jours.
Depuis 2017, la commune a remonté le temps grâce à des découvertes lors de la restauration de l’église, puis en reconstituant avec l’association Eure-et-Loir Nature la logique du réseau hydrographique entre les hameaux du village et les cours d’eau qui encadrent la commune : partout les traces des templiers sont encore perceptibles.
Leur œuvre de transformation du territoire de La Saucelle a été réalisée avec des moyens modestes, laborieux et précaires, mais en s’appuyant sur les éléments naturels, et en évitant les conflits dans la société ; 1000 ans plus tard, leurs vestiges fonctionnent encore.
Et si aujourd’hui nous nous inspirions de leur histoire, pour faire face ensemble aux défis des transitions énergétique et climatique, et avec les moyens modernes dont dispose notre société ?