Auteur : Jean CHANTELOUP
Pour bien comprendre l’histoire des templiers il faut impérativement se resituer dans le début du onzième siècle.
À l’époque de l’an 1000 L'homme du Moyen Age est pieux, très attaché à l’église il craint les flammes de l’enfer.
L’Église est omniprésente dans la vie de tous.
L’homme du commun est attaché à la terre où il réside. Il ne peut la quitter, momentanément ou définitivement qu’avec l’autorisation du seigneur qui en est propriétaire.
Les impôts et taxes sont nombreux et lourds. Les rois successifs ont besoin de beaucoup d’argent pour guerroyer. La Dîme en est le principal. Elle représente un dixième des revenus et des biens. Elle est versée à l’église selon une règle bien établie par Charlemagne au nom du principe édicté dans la bible. « Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu'il y ait de la nourriture dans ma maison ; mettez-moi de la sorte à l'épreuve, dit l'Éternel des armées. Et vous verrez si je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance ».
Les seigneurs eux-mêmes sont les premiers dévoués à l’église Ils ont prêté serment en ce sens. Ils sont généralement chevaliers. Pour cela ils ont prêté serment de fidélité, d’aide et obéissance à l’Église. Ils ont peur des flammes de l’enfer. Pour éviter cela un moyen s’offre à eux, servir l’église et lui faire des dons conséquents.
Avant la première croisade les chrétiens d’Europe allaient simplement et en sécurité se recueillir sur les lieux saints à Jérusalem.
Le pèlerinage sur les lieux saints, entre autres, leur permet d'expier leurs péchés.
Les pèlerins partaient en petits groupes de quelques centaines afin de se sentir moins seuls. Un accord de bonne entente entre les peuples, permettait leur libre circulation sur tout le trajet.
Mais sur la route, tout le monde ne partageait pas cet enthousiasme. Notamment les turcs Seldjoukides.
Seldjoukides, Seljoukides ou Saljûqides étaient les membres d'une tribu turcique conquérante qui a émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l'Iran, puis sur un vaste domaine comprenant l'Irak actuel et l'Anatolie orientale. À la fin du XIe siècle, l'Empire seldjoukide comprenait l'Asie mineure, le Levant, le Moyen-Orient, ainsi que la Perse.
Ils s'établirent par la force à Nicée située à quelque 100 kilomètres de Constantinople, en 1078, pour y fonder un royaume en 1081. Nicée était auparavant une cité fondée vers 300 av. J.-C. Ce royaume stratégique local fut conquis par Rome en 72 av. J.-C. En 325, l’empereur Constantin y convoqua le premier concile œcuménique. La cité donna son nom au symbole de la foi qui y fut adopté au concile de 325, toujours en vigueur tel quel dans les Églises orthodoxes, et fut également intégré, avec l’ajout des 14 conciles ultérieurs, dans la théologie de l’Église catholique. Elle fut affaiblie et dévastée par deux tremblements de terre d’envergure en 363 et 368. Elle connût alors un fort déclin mais mena toujours une lutte acharnée contre les Arabes. Elle resta romaine jusqu’à cette invasion des Seldjoukides. C’est alors l’une des bases de la chrétienté qui est bafouée et mise en péril après trois siècles de présence, de par sa position stratégique et le symbole que représente cette perte.
Confortés par cette victoire, la même année, les Seldjoukides chassent de Jérusalem les Fatimides qui gouvernaient la région depuis 970. À une période de relatif libre accès à la Ville sainte par les pèlerins, se substitue le massacre par les Turcs de la totalité de ses habitants et la soumission des autres populations chrétiennes aux vexations et à l'esclavage. Les Turcs finissent enfin par couper l'accès par la route continentale, depuis l'Europe, tout au long de l'Asie Mineure.
Alexis Comnène, un empereur byzantin , régnait alors sur Jérusalem. Son empire se trouve alors gravement menacé dans sa partie orientale, demande à plusieurs reprises l'aide de Rome contre l’envahisseur. Considéré comme roi en Grèce. Il a tous les pouvoirs : il dirige l'Empire, commande l'armée, contrôle l'Église. On le vénère en se prosternant devant lui. Les Fatimides sont une dynastie chiite ismaelienne qui fait remonter ses origines à Fatima, la fille du prophète Mahomet et épouse d'Ali ibn Abi Talib. La dynastie a été fondée en 909par Ubayd Allah al-Mahdi, qui prétend être de lignée alide ismaélide.
Mais Commène ne dispose pas des forces guerrières qui lui permettent de résister. Les Seljoukides envahissent Jérusalem.
Alexis Commène lance un appel solennel au Pape.
La première croisade est avant tout une réponse à la conquête par les Turcs seldjoukides de la Syrie et de la Palestine. Car cette conquête turque était accompagnée, pour les pèlerins d'Occident, d'une interdiction d'accéder aux Lieux saints, ce qui provoque une vive émotion en Occident. L’Empire Ottoman se constitue à cette occasion et la Grèce est éclatée sous domination ottomane.
Le chevalier est, au sens littéral du terme, un combattant à cheval. Mais le titre de chevalier est aussi un titre honorifique militaire donné par un monarque ou un autre chef politique en récompense de services rendus.
Les chevaliers ont à peu près la même doctrine que les futurs templiers qui vinrent plus tard. Ils prêtent serment à l’église à qui ils font des dons parfois énormes pour le salut de leur âme, pour les soutenir dans les combats et protéger leur vie. L’adoubement d’un chevalier donne lieu à une grande cérémonie, à laquelle participent de nombreux chevaliers en titre. Il accomplit à cette occasion tout un cérémonial de purification avant de prêter serment devant le représentant religieux.
Le pape Urbain II, né à Châtillon-sur-Marne de la noblesse champenoise, dans la Marne, il est élu pape puis consacré le 12 mars 1088.
En 1095, il fait un séjour en France
Répondant à l'appel de l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène, Le pape Urbain II exhorte les chrétiens d'Occident à défendre ceux d'Orient. Les valeurs de l'Église s'affirment complètement dans la société féodale. L'action des rois est influencée par le serment du sacré : maintenir la justice, défendre les faibles. Les pillages, guerres privées sont combattues par la paix de Dieu avec des ligues pour la paix, des forces de polices organisées par les évêques. La Paix de Dieu est un mouvement spirituel et social des Xᵉ et XIᵉ siècles, organisé par l'Église catholique et soutenu par le pouvoir civil. Son but est d'obtenir une pacification du monde chrétien occidental et de maîtriser l'usage de la violence dans la société.
Urbain II prend acte de l'exaspération des pèlerins à qui les Turcs barrent dorénavant la route de Jérusalem, et répond à la demande d'Alexis Commène. Ainsi, le 27 novembre 1095, au cours du concile de Clermont, qu'il a fait réunir, le pape lance un appel à la croisade et prêche pour secourir l'empereur et la libérer la Terre sainte, source vive du christianisme. En échange de leur participation à la croisade, il promet le pardon de leurs péchés à ceux qui tenteront l’aventure et qui iront porter secours aux chrétiens d'Orient.
Il désigne Adhémar de Monteil, évêque du Puy, pour diriger cette campagne.
Il s'agit aussi, pour la papauté, de renforcer son autorité en rassemblant, dans un projet commun, une noblesse occidentale turbulente et guerrière.
Le petit peuple réagit en grand nombre, notamment en Berry à l'appel de Pierre l'Ermite qui lance son fameux « Dieu le veut », (cri de ralliement des croisés qui sera repris avant le combat contre les troupes ennemies), en Orléanais, à Poissy où Gautier Sans-Avoir le rejoint, en Champagne et en Lorraine. Le 12 avril 1096, c'est avec quelque 15 000 chevaliers qu'ils parviennent sur les bords du Rhin.
Le succès de l’appel de Clermont dépasse les espérances du pape et paraît difficilement explicable. L’évolution de la condition matérielle et de l’idéal chevaleresque au cours du XIe siècle a dû en favoriser le retentissement en créant un état de disponibilité. Le départ en Orient est un moyen de s’affranchir de la contrainte du lignage, en un temps où le mouvement de paix et le resserrement des liens vassaliques limitent les occasions d’aventure. La croisade réalise la fusion de l’esprit féodal et des préceptes chrétiens (le chevalier réalise au service du Christ et de l’Église son devoir vassalique).
Alors que la société européenne était rigide et fragmentée, tous les états (clergé, noblesse, bourgeoisie et université) s'impliquèrent dans cette expédition, toutes castes confondues :
Les pauvres qui sont libres de tout engagement, répondent à l'appel de la croisade avec plus de ferveur que les autres classes sociales. Sensibles aux récompenses célestes promises, ils cousent sur leurs vêtements une croix en tissu, d'où leur nom de « croisés » qui leur sera attribué.
La première croisade s'est déroulée de 1095 à 1099 à la suite du refus intervenu en 1078 des Turcs seldjoukides de continuer à laisser le libre passage vers Jérusalem, accordé par le pacte d'Umar, aux pèlerins venus d'occident. Cette croisade s'achève par la prise du port d’Acre, de la ville de Jérusalem, et la création du royaume chrétien de Jérusalem.
En1095 part la première croisade
Mais le voyage n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a plusieurs départs entre la France et d’autres pays. Tous n’auront pas le même parcours ni les mêmes résultats. (voir la carte ci-dessus), Gautier, emmenant une majorité de Français, quitte le premier Cologne et gagne la Hongrie où le roi Coloman lui accorde le libre passage.
À Semlin, dernière place hongroise avant le territoire romain, des incidents avec les Hongrois se soldent par la pendaison de seize croisés pillards. Gautier continue sa route via Sofia, Philippopoli et Andrinople jusqu'à Constantinople, qu'il atteint le 20 juillet sous escorte byzantine, chrétienne.
Le désordre le plus complet règne dans l'armée. L'espionnage des musulmans y est tellement fréquent que Bohémond les menace d'être coupés en morceaux et rôtis pour servir de nourriture aux soldats affamés. La propagande arabe reprendra ces menaces après les croisades pour discréditer Bohémond.
En parallèle à la croisade de Pierre l'Ermite, d’autres bandes s’illustrent par de nombreux actes de barbarie. C’est le cas notamment de croisés venus des pays plus à l’Est.
Le 15 juillet 1099, les croisés attaquent Jérusalem, détenue par les musulmans. Parmi eux, un chevalier : Godefroy de Bouillon, fer de lance de ces chevaliers de la foi chrétienne.
Les pertes sont sévères de chaque côté
Pour soigner les blessés, les frères hospitaliers s’installent sur place et fondent un hospital « saint Jean de Jérusalem ».
Les ordres hospitaliers trouvent leur origine dans des groupes de personnes pieuses qui, poussées par un idéal religieux, s’associaient dans le but de rendre un service particulier dans l’Église, souvent un service aux plus faibles ou personnes en danger (malades, voyageurs, pèlerins). Ils virent le jour au monastère bénédictin de Sainte-Marie-Latine, fondé à Jérusalem au milieu du XIe siècle par des marchands amalfitains. Le supérieur, Frère Gérard, crée vers 1080, à côté du monastère, une nouvelle « hostellerie » (ou hospice) et une église dédiées dans un premier temps à saint Jean l'Aumônier, c'est l'origine de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, premier ordre hospitalier. Leur hôpital saint Jean l'Aumônier, au service des pèlerins malades, est ouvert en 1080. C'est le premier ordre à être reconnu comme hospitalier par le pape Pascal II en 1113. L'Ordre est alors organisé en trois fonctions, les frères clercs, les frères laïcs et les frères convers qui tous doivent les soins aux malades.
En France les hospitaliers construisent des « VILLAS » (exploitations agricoles) regroupées sous des commanderies. Les villas sont destinées à venir en aide aux malades, estropiés et autres pauvres hères en fournissant des denrées aux hôpitaux. Mais aussi ils vont fournir une partie des besoins de la croisade grâce à l’agriculture et l’élevage.
On trouve des hospitaliers partout en France. Dans notre région on en trouve à Manou, La Ferrière, la Cruchonière et dans de nombreux autres villages.
La croisade est composée de plusieurs milliers de personnes. Les chevaliers engagés, les prêtres, les serviteurs des chevaliers, beaucoup de personnes stimulées par l’appel du pape et surtout la promesse de l’absolution totale des péchés passés et à venir. On y trouve aussi des familles entières, des femmes en quête de mari qui ont le désir de fonder une famille et de s’installer sur place près du lieu saint, des repris de justice qui n’ont plus d’avenir et qui sont tentés par l’appât du gain lors des rapines. C’est donc tout un peuple estimé à plusieurs dizaines de milliers, qui s’engage sur la longue route qui les attend.
Ce peuple, il faut le nourrir, donc on embarque des vivres, des céréales et du bétail. Ce sont des troupeaux entiers de bœufs, moutons, chèvres et chevaux qui forment avec les humains un cortège interminable. Il faut de la viande, du lait, des céréales.
Il faut aussi protéger ce peuple car les pièges sont nombreux sur la route. Attaques avec de violents combats, ponts coupés, puits empoisonnés. La route est longue, beaucoup pleurent mais la foi les porte, d’ailleurs les religieux sont là pour cela. Quand le rythme faiblit, ils se mettent à chanter des psaumes que l’on reprend en chœur. Quand on chante on sent moins le ventre qui est vide.
Beaucoup meurent en chemin. De place en place les hospitaliers installent des hospices. Les blessés ou malades peuvent y être soignés en attendant un prochain convoi pour reprendre la route. D’autres attendent le retour de la croisade pour revenir au pays. D’autres y meurent.
À l’arrivée les choses sont encore plus compliquées. Les sarrasins attendent les croisés de pied ferme. Ils ont l’avantage d’être déjà installés dans les villes. Villes fortifiées avec de hauts murs. Il faut construire des machines de guerre pour entamer ces hauts murs. Mais là encore tout ne se passe pas comme prévu. On découvre sur place qu’il n’y a que du sable autour des villes. Pas de prairies grasses pour nourrir le bétail et les chevaux de bataille qui sont prioritaires. Les bêtes meurent de faim et de soif, beaucoup de puits sont empoisonnés. Pas ou peu d’arbres sur place. On va donc chercher le bois plus loin. Cela prend du temps, plusieurs mois. Pendant ce temps c’est une guérilla qui est latente. Du haut en bas des murs on s’insulte et se lance des flèches. Puis vient le moment du vrai combat. Les machines de guerre sont installées bombardent les créneaux, entament les murs et les lourdes portes de bois. Ensuite c’est le corps à corps.
La première prise est de taille. Il s’agit de la ville de Saint d’Acre, port le plus proche de Jérusalem.
Le 7 juin 1099, trois ans après leur départ d'Occident, 12 000 soldats du Christ, déguenillés, tombèrent à genoux en pleurant lorsqu'ils aperçurent au loin les remparts puissants et élevés de Jérusalem, la Ville Sainte ! Les Croisés bénéficièrent des rivalités entre musulmans. Pendant que les Turcs étaient à Antioche, les Égyptiens fatimides avaient pris la ville de Jérusalem. Godefroi de Bouillon fit dresser les tentes autour de la ville et installer les machines de sièges, les tours pour l'escalade des remparts, construites par les charpentiers génois, les catapultes et tous les engins conçus par les techniciens militaires. La garnison de la place, qui ne dépassait pas le millier, observa tous ces travaux avec étonnement et quelque crainte. Le calife égyptien envoya ses ambassadeurs auprès des chefs croisés : il promettait, comme autrefois, toute liberté aux pèlerins chrétiens pour séjourner dans la ville et visiter les lieux saints. Les chefs de la croisade tinrent conseil. Allait-on abandonner, si près du but, l'objectif principal de l'expédition et s'interdire de former des royaumes latins en Orient, alors même que certains chevaliers s'étaient déjà taillé quelques fiefs dans les territoires conquis ? Aussi exigèrent-ils une reddition sans conditions. Les musulmans refusèrent. Le siège de la ville commença.
Durant quarante jours, les mille défenseurs résistèrent aux douze mille croisés qui les assiégeaient. Le 15 juillet, Godefroi, Tancrède et leurs hommes réussirent à escalader les remparts de la ville. À coups de hache, ils atteignirent les portes, qu'ils ouvrirent toutes grandes. Les soldats se ruèrent dans la cité. Exaspérés par les privations, exaltés par les harangues des prédicateurs, affamés, ils ne pensèrent plus qu'à se venger et à rançonner la population, comme ils l'avaient fait à Antioche. Ce fut une page peu glorieuse de la chrétienté.
En Europe on considère que c’est une large victoire, On tient les lieux saints, on les occupe, on va pouvoir réaliser le rêve.
Cette première croisade a donné naissance à quatre principautés chrétiennes en Terre Sainte créée sur le modèle féodal de l'Europe Occidentale. Ainsi, les 4 États Latins d'Orient sont :
Mais les dirigeants des pays et le pape connaissent la triste vérité. Ils savent le coût humain de cette croisade. Il faut désormais protéger la route et assurer la protection sur place.
C'est en 1120 que naît l'idée de créer une milice indépendante appelée militia Christi. La formation de cette milice a conduit ses membres à prononcer des vœux religieux et à suivre les usages des chanoines réguliers. Une fois la protection du pape acquise, les dons affluent de toute l'Europe. Ils se matérialisent principalement par des propriétés, de la simple parcelle à une région entière. Il n'est pas rare que les dons englobent des villages ainsi que leurs habitants !
Le premier maître, Hugues II de Payns, est un chevalier champenois, né en 1074 et mort en 1136
C'est en 1104, qu'il accompagne son suzerain Hugues de Champagne en Terre sainte, où il demeura pendant trois ans. De retour chez lui en 1107, Hugues de Payns se voit confier le domaine de Payns, celui de ses ancêtres, par son suzerain. Il épouse l'année suivante (1108) une jeune fille noble du Sud de la Champagne, Élisabeth de Chappes.
Hugues de Payns rejoint Godefroy de Saint-Omer, qui organisait ce qui allait devenir en 1119 la milice des Pauvres Chevaliers du Christ, un groupe de chevaliers qui œuvraient alors à la protection du tombeau du Christ, haut lieu de pèlerinage, à Jérusalem.
L’Ordre du temple fut officiellement créé à l’occasion du concile de Troyes en janvier 1129.
Ce groupe de nobles laïcs vivait alors sous la protection et l'autorité des chanoines du Saint-Sépulcre. Leur objectif était de protéger les pèlerins venant d'Occident jusqu'à la Ville sainte. Ils furent vraisemblablement hébergés à L'Hospital de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
« On raconte qu’à l’origine, la croix des templiers proviendrait de la marque de Caïn, une marque vieille de plus de 5 000 ans. Il s’agirait de la marque que Dieu a placée sur Caïn pour prouver que ce lieu était sous sa protection ».
Les templiers sont à la fois un ordre religieux et militaire. Une fois la protection du pape acquise, les dons affluent de toute l'Europe. Ils se matérialisent principalement par des propriétés, de la simple parcelle à une région entière. Il n'est pas rare que les dons englobent des villages ainsi que leurs habitants. Les gens du petit peuple appartenaient corps et biens à leur seigneur. Selon le bon vouloir du seigneur ils pouvaient cultiver un coin de terre. Ils ne pouvaient quitter le domaine sans l’autorisation du seigneur.
Les frères du Temple eurent le droit de bénéficier de la protection apostolique et d'avoir leurs propres prêtres.
la Règle du Temple, d'inspiration cistercienne, basée sur la « règle de saint Augustin et les règles de la chevalerie) comportait soixante-douze articles, relatifs aux devoirs religieux des frères, à la vie conventuelle et à la récitation des divers offices, à la vêture, aux chevaux, harnais et équipements, à la stricte obéissance passive qu'on devait au Grand-Maître, à la « coulpe publique » (droit de confessionnal obligatoire), à l'interdiction de tout commerce avec des femmes, fussent-elles des parentes, et, enfin, à l'exemple que devaient en tous lieux donner les membres de l'ordre.
Les Templiers font preuve d'une gestion avisée de leur patrimoine. Ils agrandissent peu à peu leurs domaines en procédant à des achats de terres, regroupent les parcelles pour obtenir un ensemble cohérent, plus rentable. Les privilèges obtenus du pape leur permettent de ne pas acquitter de droits, ce qui favorise immédiatement le commerce de leurs produits. En outre, les Templiers obtiennent un revenu conséquent du fermage de leurs terres, mais aussi des dîmes, banalités et droits en tout genre. Ils représentent une institution extrêmement riche et puissante au moment où la croisade est en vogue.
Ils disposent en outre des droits de haute, moyenne et basse justice. Ils ont ainsi les mêmes droits que les seigneurs. La justice seigneuriale est issue de la féodalité et se caractérise par une délégation du pouvoir royal aux seigneurs, moins lente et donc moins coûteuse que la justice royale, géographiquement plus proche des justiciables, permet également la diffusion des ordonnances et édits royaux au niveau local, ainsi que l’application des redevances seigneuriales
Justice haute (ou haute justice) : Le seigneur (ou plus exactement le juge seigneurial) peut juger toutes les affaires et prononcer toutes les peines, dont la peine capitale (d'où le nom de jus gladii, litt. « droit de l'épée »), celle-ci ne pouvant toutefois être exécutée qu'après confirmation par des juges royaux (appel obligatoire, porté devant les parlements). La haute justice jouit de la plénitude de juridiction au civil comme au pénal.
Justice moyenne (ou moyenne justice) : Le seigneur peut juger les rixes, injures et vols. Les délits ne peuvent être punis de mort. Pratiquement, la moyenne justice joue un rôle important au civil, notamment en matière de successions
Justice basse (ou basse justice) : Le seigneur peut juger les affaires relatives aux droits dus au seigneur, cens, rentes, exhibitions de contrats et héritages sur son domaine. Il s'occupe aussi des délits et amendes de faibles valeurs (dégâts des bêtes, injures, amendes inférieures à 7 sols 6 deniers).
Les templiers bénéficiaient donc de ces droits. Ils percevaient également toutes les taxes dues habituellement aux seigneurs : (cens, banalités, droits de mutation, champart, saisine)
Le cens est la redevance annuelle, foncière et perpétuelle qui est due par celui qui possède la propriété utile d'un fonds, appelé censive, à celui qui en possède la propriété éminente,
Les banalités sont, dans le système féodal français, des installations techniques que le seigneur est dans l'obligation d'entretenir et de mettre à disposition de tout habitant de la seigneurie. En contrepartie, les habitants de cette seigneurie ne peuvent utiliser que ces installations seigneuriales, pour un prix qui est fixé par le seigneur. Ce sont des services publics.
Les principales banalités sont : Le four banal (taxé par le fournage) le moulin banal, le pressoir banal et le marché aux vins.
La mutation, taxed’un bien immeuble est son changement de propriétaire, soit par vente, soit par héritage, soit par don, ou autre.
Le champart est une taxe du paysan due au seigneur, qui consiste à prélever une part de la récolte, à céder au seigneur. Il est prélevé après la dîme due au clergé.
La saisine est l'appel ou le recours à un organe juridictionnel ou à une autorité de police.
La gabelle : l’Impôt sur le sel.
La dîme : La dîme est prélevée en principe sur tous les produits, car Dieu a sa part de tout.
Au nom de Dieu les paysans devaient « offrir » un dixième de leur récolte, et les artisans devaient « offrir » un dixième de leur production.
Le pauvre était cerné de toutes parts et ne pouvait que payer.
On voit ainsi que les templiers, bénéficiant de toutes ces largesses, avaient des revenus locaux importants. À cela s’ajoutait le fait qu’ils étaient dispensés de l’impôt. Leurs droits de justice suffisaient à convaincre ceux qui rechignaient à s’acquitter des impôts définis ci-dessus. Les templiers détenaient donc tous les moyens d’obliger leurs redevables à s’acquitter de leurs dettes sou peine de procès couteux avec peu de chance d’obtenir gain de cause et en s’exposant à de lourdes condamnations.
« Durant les deux siècles de leur existence, c'est surtout aux besoins de la Terre Sainte qu'avaient en effet subvenu les maisons de l'ordre en Occident. Agriculteurs, marchands et bâtisseurs, les Templiers, avares de leurs biens, avaient rapidement acquis une grande expérience économique et financière. Très tôt, la Maison du Temple de Paris était essentiellement devenue une banque ; elle prêtait à toute la Chrétienté. La ruine du royaume latin de Palestine lui valut un surcroît de richesse, alimentée par les revenus fonciers des milliers de commanderies occidentales, fermes et « granges » de toute nature. Là, il n'était plus guère question de chevalerie. »
S'ils pratiquent sans scrupule les techniques financières de cette époque, les Templiers n'en assument pas pour autant le rôle de « banque" au sens moderne du terme, à savoir une institution qui transforme les échéances. Ils offrent en revanche de nombreux services financiers. Les particuliers, comme l'État, considèrent les hauts murs des « commanderies", les forteresses que les Templiers font ériger sur leurs domaines, comme des coffres forts inviolables. Ils y déposent leur or et leurs bijoux en toute sécurité, et ce d'autant plus que ces moines-soldats ont fait vœu de pauvreté. On peut donc leur faire confiance. Les trésors sont alors enfermés dans des huches, sortes de boîtes en bois, dont seul le maître possède une clef. Trois fois par an, les Templiers envoient un relevé de compte aux déposants. Mais leurs activités financières ne se limitent pas à la garde du trésor.
Les pèlerinages à Jérusalem occasionnent des frais considérables. Les pèlerins doivent voyager avec suffisamment d'argent pour vivre plusieurs mois. Les Templiers rédigent alors une lettre de change au pèlerin qui leur permet de récupérer à Jérusalem la somme d'argent qu'il a laissée à son départ. Le papier sécurise les voyageurs du Moyen Age.
Les Templiers pratiquent aussi le prêt, à une époque où la papauté jette l'anathème sur le taux d'intérêt. En effet, c'est le prix du temps, or le temps n'appartient qu'à Dieu. Mais de nombreux subterfuges permettent de contourner cet interdit. Il n'est pas rare que les Templiers dissimulent un profit derrière une opération de change. Et, les chevaliers ne reviennent pas toujours vivants des croisades pour récupérer leurs biens.
Attirés par leur réputation de bons gestionnaires, les rois confient souvent aux Templiers leurs finances, que ce soit en France, en Angleterre ou encore en Aragon.
Son nom entier :Al-Malik an-Nāsir Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf. An-Nāsir signifie en arabe « celui qui reçoit la victoire de Dieu ». Né en 1138, il est d’abord sous-estimé par les croisés. Le royaume de Jérusalem est à ce moment affaibli par des querelles intestines. Saladin fait alors le siège de Jérusalem du 20 septembre au 2 octobre 1187. Habile stratège, le sultan Saladin, à la tête d'une armée de 30 000 soldats, finira par vaincre les croisés. La fine fleur du royaume est faite prisonnière.
Il reprendra Jérusalem pour en faire de nouveau, un des grands sanctuaires islamiques.
En signant un traité avec RICHARD, Saladin rétablit le libre passage des pèlerinages chrétiens à Jérusalem, et permit au Saint-Sépulcre de rester aux mains des chrétiens pour consolider la légitimité musulmane de Jérusalem. Mais le pape ne l’entendit pas de cette oreille et organisa une troisième croisade. Elle sera conduite par Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion. Sur place Saladin doit faire face à des oppositions de petits seigneurs arabes locaux. De toutes parts la guerre continue.
Saladin meurt en 1193 de la typhoïde.
Le 28 mai 1291, cent ans plus tard, les croisés perdent Acre à l'issue d'un siège sanglant. Les chrétiens sont alors obligés de quitter la Terre sainte. Les ordres religieux tels que les Templiers ainsi que les Hospitaliers n'échappent pas à cet exode. La maîtrise de l'ordre du Temple est déplacée à Chypre. Or, une fois expulsés de Terre sainte, avec la quasi-impossibilité de la reconquérir, la question de l'utilité de l'ordre du Temple se pose car il a été créé à l'origine pour défendre les pèlerins allant à Jérusalem sur le tombeau du Christ. D'ailleurs, dès 1274 au deuxième concile de Lyon, ils durent produire un mémoire pour justifier leur existence. Il faut également considérer que, à la suite du retrait des troupes de terre sainte, les Templiers représentent une force militaire d'importance et entièrement dévouée au pape, équivalente à quinze mille hommes dont mille cinq cents chevaliers entraînés au combat.
Mais, à partir du XIIIe siècle, le pouvoir temporel des rois tend à s'affirmer face au pouvoir spirituel du pape. Le concept de croisade perd de son actualité. Les Templiers n'ont plus de raison d'être, et leur puissance inquiète
Hélas pour eux, à cette époque, le royaume de France fait face à des difficultés financières. Afin d'y remédier, Philippe IV le Bel dévalue la monnaie, augmente les taxes et impôts, allant même jusqu'à spolier les biens des marchands lombards et des juifs. Il envie les Templiers qui possèdent et font prospérer d'importantes richesses, augmentées par les redevances (droits d'octroi, de péage, de douane, banalités, etc.) et les bénéfices issus du travail de leurs commanderies (bétail, agriculture…).
Le climat social est également tendu. Le 30 décembre 1306, une révolte a lieu à Paris contre la hausse des loyers. Le roi est assiégé dans la Maison du Temple et la maison d'Étienne Barbette, prévôt des marchands de Paris auquel on attribue la responsabilité des altérations de l'argent, est incendiée. À la suite des troubles, une ordonnance royale abolit provisoirement les confréries professionnelles. Finalement, vingt-huit meneurs de la révolte seront pendus le 5 janvier 1307.
Le peuple percevait d'ailleurs depuis plusieurs décennies les chevaliers du Temple comme des seigneurs orgueilleux et cupides menant une vie désordonnée (les expressions populaires « boire comme un Templier » ou « jurer comme un Templier » sont révélatrices à cet égard).
Philippe le Bel qui nourrit une certaine crainte vis-à-vis de cette armée surentrainée et qui convoite la fortune des Templiers, obtient la chute de l'ordre en 1307. Le pape mettra définitivement fin, à l'ordre des Templiers cinq ans plus tard. En France, leurs domaines sont revendus au bénéfice de la couronne à l'ordre de l'Hôpital pour 200 000 livres, nombre de Templiers sont brûlés ou emprisonnés. Sept siècles plus tard, la légende demeure.
Pour obtenir cela Philippe le Bel envoie au pape la lettre suivante :
« Une chose amère, une chose lamentable, une chose assurément horrible à penser, terrible à entendre, un crime détestable, un forfait exécrable, un acte abominable, une infamie détestable, une chose tout à fait inhumaine, bien plus, étrangère à toute humanité, a, grâce au rapport de plusieurs personnes dignes de foi, retenti à nos oreilles. […] Les frères de l'ordre de la chevalerie du Temple, cachant le loup sous l'apparence de l'agneau et, sous l'habit de l'ordre, insultant misérablement la religion de notre foi, ils s'obligent, par le vœu de leur profession et sans crainte d'offenser la loi humaine, à se livrer l'un à l'autre, sans refuser, dès qu'ils en seront requis. […] Attendu que la vérité ne peut être pleinement découverte autrement, qu'un soupçon véhément s'est étendu à tous, […] nous avons décidé que tous les membres dudit ordre de notre royaume seraient arrêtés, sans exception aucune, retenus prisonniers et réservés au jugement de l'Église, et que tous leurs biens, meubles et immeubles seraient saisis, mis sous notre main et fidèlement conservés. »
L’ordre fut dissous par le pape français Clément V , premier des sept papes avignonnais, le 22 mars 1312, date à laquelle Clément V fulmina la bulle Vox in excelso, officialisant la dissolution de l'ordre du Temple, à la suite d'un procès en hérésie.
Jacques de Molay est le Maître de l’époque. Il sera le dernier. L’Ordre va disparaître.
La veille de son arrestation, le 12 octobre 1307, Jacques de Molay assiste, à une place d'honneur, aux funérailles de Catherine de Courtenay, épouse de Charles de Valois, le propre frère du roi.
Dans son ordre d'arrestation du 14 septembre 1307, Philippe le Bel formule trois accusations majeures. Tout d'abord le reniement et le crachat, ensuite les baisers obscènes (tel que l’osculum infame) et l'homosexualité, et enfin l'adoration d'idoles.
Conseiller du roi de France Philippe IV le Bel, Guillaume de Nogaret est un juriste, devenu son garde du Sceau. C’est un politique retors et sans scrupule », « rusé, calculateur, effronté, manipulateur, assez cynique pour recourir abondamment au mensonge et à l'injustice » Au matin du 13 octobre 1307, accompagné par ses hommes d'armes, ils pénètrent dans l'enceinte du Temple de Paris où réside le maître de l'Ordre Jacques de Molay. À la vue de l'ordonnance royale qui justifie cette rafle, les templiers se laissent emmener sans aucune résistance. Un scénario identique se déroule au même moment dans toute la France. La plupart des Templiers présents dans les commanderies sont arrêtés. Ils n'opposent aucune résistance. Quelques-uns réussissent à s'échapper avant ou pendant les arrestations.
Menés par une Inquisition spéciale, nommée par Nogaret, les interrogatoires se révéleront particulièrement brutaux.
Les interrogatoires commencent dès le 19 octobre 1307, soit six jours seulement après les arrestations. Le maître de l'ordre du Temple, Jacques de Molay, âgé d'une soixantaine d'années, fait preuve de peur et d'épuisement devant les pressions subies. Cet aveu est capital pour Philippe le Bel car il lui permet de jeter le discrédit sur l'ordre du Temple.
La moyenne d'âge des templiers arrêtés oscille entre quarante-et-un et quarante-six ans, d'après les dépositions. La majorité d'entre eux est composée de frères d'âge mûr œuvrant dans les commanderies comme bergers, régisseurs ou travailleurs agricoles, ne sont donc pas militaires et n'ont jamais participé aux combats. La brutalité employée dans les interrogatoires conduit logiquement à ce qu'il n'y ait que peu de déclarations d'innocence. En effet, des cent-trente-huit prisonniers interrogés à Paris, seuls quatre n'avouent rien : Jean de Châteauvillars, Henri de Hercigny, Jean de Paris et Lambert de Toucy.
Si Clément V ne peut arrêter la procédure en cours, il compte tout au moins en prendre le contrôle. Le 17 novembre 1307, le pape envoie son chapelain, Arnaud de Faugères, informer le roi de ses intentions. Celui ne s’y plie pas. Finalement, le 22 novembre 1307, Clément V promulgue la bulle Pastoralis preeminentie, qui ordonne à tous les princes chrétiens d'arrêter les templiers dans leur pays et de s'emparer de leurs biens au nom de la papauté. Il entend de cette manière garder le contrôle sur la procédure lancée par Philippe le Bel en l'empêchant de clore le procès prématurément.
Pendant les six premiers mois de 1308, le roi et le pape se livrent une bataille acharnée pour le contrôle des événements.
Le message est clair. Philippe le Bel prévient le pape que s'il n'agit pas, lui-même le fera avec l'appui du clergé de France. Clément V ne change pourtant pas sa position, affirmant que des ecclésiastiques ne peuvent être jugés par des laïcs. De plus, il confirme que les biens et les hommes du Temple doivent lui être confiés et qu'il s'agit d'une condition sine qua non pour qu'il puisse prendre une décision.
Après ce bras de fer de six mois, il apparaît au gouvernement qu'aucune des actions entreprises n'a réussi à faire fléchir Clément V. De plus, la persistance du pape à maintenir la primauté pontificale dans ce genre d'affaire représente un blocage certain à la poursuite de la procédure. En signe d'apaisement, Philippe le Bel confirme dans une lettre au pape le 27 juin 1308 qu'il confie les biens du Temple à des curateurs particuliers, nommés pour les administrer.
Philippe le Bel envoie une lettre au pape avec une liste de noms qu'il souhaite pour la composition de la commission pontificale. Clément V accepte la demande du roi.
Entre fin 1309 et début 1310, plusieurs templiers révèlent, lors de leur comparution devant la commission pontificale, qu'ils ont avoué pendant les commissions diocésaines à cause des mauvais traitements subis. Les aveux obtenus sous la torture sont accablants.
Au cours des commissions diocésaines, commencées au printemps 1309, les prisonniers sont présentés devant l’évêque ou l'inquisiteur et doivent jurer sur les Saints Évangiles de dire la vérité pleine et entière sur eux et les autres. La manière de conduire les interrogatoires adopte plusieurs principes provenant de celle employée par l'Inquisition contre les hérétiques. Les Templiers qui persistent à nier sont interrogés plusieurs fois et, s'ils persistent dans leur déni, sont soumis à un régime de pain et d'eau. Si ceci ne suffit pas, on leur montre les aveux des dignitaires de l'Ordre, consignés dans la bulle papale, pour les confronter. Ensuite, on les menace de torture en leur montrant les instruments. En dernier recours, on les torture d'abord légèrement en présence d'un clerc, selon les usages de l'époque.
Aucun sacrement ne leur est accordé, sauf la confession, et le confesseur d'ailleurs les encourage à dire la vérité pour le bien et le salut de leur âme. S'ils arrivent à demeurer intraitables devant tous les moyens employés pour les faire avouer, on ne leur accorde ni absolution, ni sépulture ecclésiastique En revanche, ceux qui avouent reçoivent l'absolution et sont traités de bien meilleure manière, recevant sacrements, nourriture et meilleures conditions de détention. Trente-six templiers sont morts sous la torture rien qu'à Paris.
Les accusations sont graves, les pseudos aveux le sont autant. Nogaret fait courir le bruit que les templiers ont perdu leur ligne de conduite. Ils se seraient adaptés aux croyances des arabes à force de les côtoyer en Orient et d’avoir commercé avec eux, voire des Cathares qui ont été anéantis quelques décennies auparavant. Les cathares s’étaient ouvertement opposés à l’église catholique. Cet argument ne peut qu’interpeller le pape.
Quatre seigneurs à la solde du roi sont désignés pour défendre les Templiers lors du procès.
Le procès dans ces conditions est tellement inégal que la sentence est entendue d’avance, 54 chevaliers sont d’abord envoyés au bûcher.
Paris, 11 mars 1314. Sur l'Île de la Cité, le feu embrase le bûcher où va périr Jacques de Molay, 23e et dernier grand maître de l'ordre du Temple. C'est la fin d'un ordre et le début d'une légende qui, sept siècles plus tard, continue de nous intriguer.
La légende veut qu’en mourant, il ait lancé une malédiction à ses bourreaux et donc au roi.
« Avant un an, je vous cite tous à comparaître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Soyez maudits ».
Malédiction ? Hasard ? Le pape meurt la même année et Le roi meurt six mois plus tard. Dans son roman « Les rois maudits », Maurice DRUON ajoute que cette malédiction se poursuivit sur 13 générations.
L’ordre fut dissous par le pape suivant, le français Clément V , premier des sept papes avignonnais, le 22 mars 1312, date à laquelle Clément V fulmina la bulle Vox in excelso, officialisant la dissolution de l'ordre du Temple,
En France, les domaines des templiers furent revendus au bénéfice de la couronne à l'ordre de l'Hôpital pour 200 000 livres. Les hospitaliers héritèrent aussi d’une grande part de ce qui revenait au pape et rachetèrent plusieurs commanderies et villas templières.
Ainsi se termina, après deux siècles d’existence l’Ordre des Templiers
On dit qu’une partie du trésor des Templiers a été retrouvée et conservée dans une chambre forte aux alentours de Jérusalem, où son emplacement exact est gardé secret. On y trouve notamment 108 pièces d'or pur 24 carats, pesant chacune 4,02 grammes. Mais ce qui fut retrouvé semble bien maigre au regard de tout ce qu’ils possédaient.
Les biens des hospitaliers et des templiers ainsi que leurs domaines furent récupérés au XVIIe siècle par l’Ordre de Malte qui poursuit encore aujourd’hui cette œuvre de soins aux plus démunis.
De nos jours, il y a de nombreuses organisations agissant à l'internationale, revêtant la dénomination des Templiers. Ces communautés ont des ambassadeurs dans le monde entier et ont comme ambition de préserver les valeurs et les traditions de l'Ordre du Temple. L’Internationale des Templiers enregistrée en Suisse et reconnue par les Nations unies comme ayant un statut consultatif spécial. Elle se décrit comme un « réseau de professionnels de l'éducation » qui entreprennent des actions humanitaires. Elle compte des membres hommes et femmes et croit en une « société cosmopolite ». Elle est clairement une organisation chrétienne et alliée à l'Église catholique.
Partout où ils étaient implantés, les templiers, comme les hospitaliers firent de grands travaux.
Notre région fût dans les plus représentatives quant à leur implantation. On les retrouve à Beauche, Mainterne, Saint Lubin de gravant, Prudemanche, Rohaire, Montmureau, Torcay.
La première représentation date de 1163 par cet acte :
« Les Templiers étaient établis à La Villedieu vers le milieu du XIIe siècle. Il nous reste une copie d'une chirographie d'Ernold, seigneur de La Ferté-Vidame, de l'année 1163, dans lequel figurent comme témoins Hugues de Dammartin, frère du Temple, et un autre frère du nom d'Emery, demeurant, est-il dit, à La Villedieu, « apud Villam Dei manentes. »
La Villedieu doit s’entendre ici « Villedieu de Dreuguesin » Commune de Laon. Car il existe beaucoup de Villedieu en France et dans notre région.
Ernold, leur cofondateur avec l’abbaye de Saint père en Vallée, était un descendant du frère puîné de Guillaume de MENOU ; De leur père, jean de Menou qui résidait au Mage « château de Feillet », ils héritèrent l’un du château de Manou, l’autre, de la Ferté Vidame.
La première mention de templiers dans la Baillie de Chartres apparaît en 1128 au Temple près de Mondoubleau, peu après le concile de Troyes et leur présence en ce lieu est attestée à partir de 1134 dans une charte. Rapidement les templiers étendent leurs domaines dans les alentours, à Chauve Fontaine qui est tout proche, puis au château de la Frelonnière où ils sont accueillis par la Dame de la Frelonnière. Immédiatement ils fortifient ce château. Puis ils construisent une église. C’est l’une des rares églises que l’on peut certifier comme église templière. Puis ils s’étendent à Arville, petite bourgade avoisinante en 1130. C’est là que les templiers établirent leur commanderie.
Chronologiquement, c’est ensuite à La Saucelle qu’ils vinrent s’installer grâce à Ernold de La ferté en 1165. Puis de multiples implantations eurent lieu qu’il est impossible de les retraduire ici. Notons toutefois quelques noms comme : Vendôme, Fréteval, Villefoin,Villeroche, Blois, Chateaudun qui suivirent. Chacun créant sa propre commanderie restant toutefois sous l’autorité d’Arville.
Arville existe toujours aujourd’hui.
Saisie, comme tous les biens de l’église, lors de la révolution française elle est revendue en lots en 1793 à des particuliers. En 1992 Pierre FAUCHON, conseiller général prend conscience de l’intérêt patrimonial de ce site, forme un syndicat intercommunal et rachète tous les lots pour en faire un musée des templiers et des croisades.
La Saucelle fut un lieu fort investi par les templiers. Ils y possédèrent entre autres, en plus du moulin, la ferme des Pelles « ad usum domus Templi de Pelleiis. » Un domaine à Olivet, des proprités aux Chatelets
Leurs plus gros donateurs furent sans conteste Ernold de La Ferté suivi de nombreux seigneurs locaux dont certains embrassèrent l’Ordre. Et aussi l’abbaye de Saint Père en Vallée à Chartres. Cette abbaye fondée en des temps non connus était occupée par les bénédictins.
Devenue aujourd’hui le Lycée Marceau, cette abbaye a une longue histoire. Dans les années 840, les moines eurent un conflit violent avec l'évêque de Chartres, Hélie, et s'exilèrent à Saint-Germain d'Auxerre. L'abbaye fut ensuite ruinée à deux reprises par des Normands venus attaquer Chartres (une première fois en 858, une seconde fois par Rollon en 911), puis fut restaurée vers 930 par l'évêque Haganon qui la dota de fortifications dont subsiste une tour carrée servant actuellement de clocher. Les moines revinrent en 954, reconnus dans leurs droits.
1 687 manuscrits, dont 500 environ antérieurs à 1500, nous en racontent l’histoire entre autres dans le cartulaire de Saint Père en Vallée.
La terre des Pelles fut donnée aux Templiers par Ernold, seigneur de La Ferté-Vidame, et les avantages que celui-ci avait accordés aux frères qui habitaient cette maison. Le Temple des Pelles fut aussi appelé le Temple de La Saucelle.
Plusieurs démêlés eurent lieu au XIIIe siècle entre les chevaliers du Temple et un seigneur, du nom de Guillaume Moyel, qui prétendait avoir des droits sur le fief de La Pratière et des Pelles. Cependant un accord finit par s'établir entre eux, et on convint en 1273, que le sieur Moyel posséderait dans le susdit fief, une charrue de huit bouvées de terre qui lui appartiendrait en propre, franche et exemple de toutes charges quelconques ; que les Templiers en auraient également une de même grandeur et affranchie aussi de toutes charges ; et que la terre qui resterait serait donnée aux hommes du Temple pour être cultivée. Le produit du champart devait être conduit dans la grange des Pelles, « in granchia de Pellis » où Guillaume Moyel viendrait en prendre la moitié. Quant au forage du champart, il devait profiter aux Templiers seuls.
Quelques années après, c'est-à-dire en 1275, les frères du Temple augmentèrent leur fief des Pelles, en acquérant par voie d'échange, de Robert de La Touche, « de Toscha », recteur de l'église de Saint-Maurice de Villemeux, « de Villamodio », tout ce que celui-ci possédait en terres, prés, justice et droits seigneuriaux au « Gué-Bordeau », entre le moulin des Templiers et les terres des chanoines de Chartres, terroir appelé le fief au Pelé. Nous avons donc ici la preuve que le moulin existait antérieurement à cette date de 1275. Ces échanges ajoutés aux achats réalisés et aux saisie diverses leur permirent de constituer un ensemble agricole impressionnant pour l’époque.
Le moulin, aujourd’hui propriété privée, a été construit sur une digue entièrement bâtie à la main par les moines et peut-être aussi par une main d’œuvre locale payée ou non. Cette digue a été construite pour créer un lac artificiel qui servait de retenue d’eau afin d’obtenir la pression suffisante pour actionner le moulin. Il s’agissait très probablement d’un moulin à blé. (Il a existé aussi des moulins à tan et des moulins à foulon mais les Templiers étaient beaucoup plus préoccupés par les vivres qui alimentaient les besoins locaux de leurs frères mais aussi permettaient d’approvisionner les croisades. En ce lieu, il reste aujourd’hui les ruines d’un moulin difficile à dater. On peut encore y voir la trace de la roue.
Il exista aussi des moulins à vent qui leur appartenaient.
L’église de La Saucelle également, date des templiers pour son origine. Elle fut plusieurs fois remaniée pour s’agrandir. On peut y remarquer la croix templière en plusieurs endroits ainsi que des fresques qui datent certainement de cette époque.
Plusieurs terres et granges appartenaient aussi à l’Ordre sur la commune de La Saucelle.
« Le Temple des Pelles fut aussi appelé le Temple de La Saucelle, du nom de la paroisse ou il était situé. On le trouvait au nord du village, sur les bords d'une ancienne rivière nommée le ruisseau de Gervaine ».
Il est dit que la paroisse religieuse comprenait 2 collectes fiscales.
On voit sur la carte de Cassini, au-dessous du village de La Saucelle, un lieu nommé Commanderie d'Olivet. Nous ne trouvons nulle part ailleurs que les Templiers aient possédé là, autre chose qu'une grange dîmeresse; et un peu plus près de La Saucelle, sur la rivière, un moulin appelé le moulin d'Olivet, qui devaient être des dépendances de leur maison-des-Pelles.
La Grange qu'on nommait la Grange du Mont-d'Olivet, appartenait à la Maison de La Villedieu-en-Dreugesin, en 1277, lorsqu'un seigneur, Jean de Beaumont, s'étant rendu coupable d'un meurtre commis sur la personne de Pierre Ecrinel, Robert de Beaumont, son frère, qui était commandeur de La Villedieu, pour arrêter les poursuites judiciaires qu'on commençait contre le meurtrier, fît un accord avec Renauld Ecrinel, père de la victime, par lequel celui-ci se désistait de toutes poursuites, à la condition que Robert de Beaumont donnerait chaque année deux minots de blé de la grange du Mont-d'Olivet, afin de fonder un anniversaire dans la chapelle de la maison de La Villedieu, pour le repos de l'âme de Pierre Ecrinel.
Principales sources de cette recherche :
Archives départementales d’Eure et Loir
Le cartulaire de Saint Père en Vallée
Les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Dans le secret des Templiers, sur les traces des chevaliers du Christ (Le figaro)
Les templiers (histoire et origines (Histoire pour tous de France et du monde)
L’ordre des templiers (histoire et procès) FUTURA
Les bulletins de la Société Archéologique d‘Eure et Loir